Et si Schumacher avait pris rouge?

Photo L’Equipe

Vous êtes une majorité à avoir voté sur notre page Facebook pour que nous vous racontions l’histoire revisitée de ce match de demi-finale de Coupe du monde à Séville en 1982 entre la France la RFA. C’est grâce à la plume d’Etienne Bonamy, ancien patron de la rubrique football et de la rubrique olympique de L’Equipe, que vous allez être emmenés vers un nouveau voyage dans cette fiction plus vraie que nature. Chaque jour nous vous donnons rendez-vous jusqu’à dimanche pour un nouvel épisode de cette histoire qui commence le 8 juillet 1982 dans la moiteur du stade Sanchez Pizjuan de Séville.

Episode 1/6: La Mannschaft s’essouffle

Tassé sur son banc de touche, transpirant dans son polo ciel et blanc, Michel Hidalgo a le regard aimanté par le terrain devant lui. Dans la chaleur de cette nuit andalouse du 8 juillet 1982, le sélectionneur des Bleus est embarqué dans le scénario de cette demi-finale de Coupe du monde entre la France et la République fédérale d’Allemagne. Inquiet. Nerveux. Surtout passionné. Comme les 68 000 spectateurs du stade Sanchez-Pizjuan de Séville. On n’a pas atteint encore l’heure de jeu et le score de 1-1 traduit mal l’intensité que mettent les acteurs dans leur face à face.

La France est toujours vivante dans ce Mondial entamé par une défaite contre l’Angleterre (3-1) et une avalanche de critiques. C’était le 16 juin à Bilbao. Il y a 23 jours. Un siècle. Et maintenant, les Bleus malmènent la RFA, la référence européenne en matière de Coupe du monde. Hidalgo observe son carré magique du milieu de terrain où il a aligné ensemble trois meneurs de jeu (Michel Platini, Alain Giresse et Bernard Genghini) aux côtés de Jean Tigana, infatigable relayeur. L’audace paye mais une demi-finale se gagne aussi en gérant ses forces. Patrick Battiston, le défenseur bordelais, remplace Genghini pour ajuster l’équilibre défensif de son  équipe. On joue la 51ème minute.

Il reste une éternité pour atteindre le paradis et cette finale rêvée dans trois jours à Madrid. La machine allemande donne des signes de faiblesse. En attaque, le géant Horst Hrubesch souffle. Au milieu, Paul Breitner s’essouffle. Devant son but, Harald Schumacher trépigne. Le gardien de Cologne fait de grands moulinets avec ses bras. La tournure des événements ne lui plaît pas. Ces Français qui courent partout, ce Platini qui met le ballon où il veut, ce Rocheteau insaisissable. Ach!

Et Schumacher voit le danger plus vite que ses coéquipiers quand Michel Platini, de la ligne médiane, lance en profondeur Patrick Battiston. Son copain lorrain a repéré l’ouverture. Béante. Breitner et Stielike sont à l’arrêt, Kaltz n’a plus d’essence pour accélérer. Battiston est déjà seul devant les 18 mètres. En face, Schumacher. Le gardien allemand sort en courant. Battiston baisse la tête un 1000/ème de seconde pour ajuster sa frappe de l’extérieur du pied gauche. Quand il relève les yeux, il voit à hauteur de sa tête un tank rouge et bleu qui le percute. Trois mètres avant l’impact, Schumacher a sauté et s’est tourné pour frapper le Français avec son bras droit et toute la force de son corps. Comme s’il voulait enfoncer une porte. Percuté, le défenseur bordelais finit sa course au sol. K-O. Sans  voir son ballon qui passe au ras du poteau droit. On joue la 58ème minute.

Il n’est pas le seul à n’avoir rien vu. Charles Corver, l’arbitre néerlandais, a suivi le ballon des yeux. Et même aperçu Harald Schumacher revenir en marchant pour récupérer la balle, sans un regard pour sa victime..

 

Rendez-vous demain 5 avril pour le 2ème épisode