Et si Schumacher avait pris rouge? Episode 4/6

Photo L’Equipe

Les Bleus sont cuits

Le 11 juillet, la France joue le 7ème et dernier match de ce «Mundial» déjà historique. Ce sera France-Italie. La revanche de la défaite (2-1) à Mar del Plata, en Argentine, lors de la Coupe du monde 1978 ou la confirmation du succès amical au Parc des Princes en février (2-0). Il faut un cœur énorme pour passer l’ultime obstacle devant les 90 000 spectateurs du stade Santiago-Bernabeu de Madrid. Et des jambes… Celles des joueurs de Michel Hidalgo sont lourdes. Rossi, Tardelli et Altobelli marquent. Et 1, et 2 et 3-0? Non, Dominique Rocheteau réduit le score en fin de partie. 3-1 pour les Italiens, le trophée file chez nos voisins. La France vient de disputer et perdre sa première finale de Coupe du monde.

Ça ne suffit pas à attrister les milliers de supporters qui attendent les Bleus à Orly le lendemain, dimanche après-midi. Pour eux, les Bleus reviennent en héros de leur épopée espagnole. Deux jours plus tard, ils sont les hôtes de la garden-party dans les jardins de l’Elysée. François Mitterrand pose en photo avec eux. Un bel été s’annonce.

Le parcours des Français en Espagne excite la planète football. Le style, le talent, la nouveauté, tout est passé au crible. Le Français est à la mode et les recruteurs des grands clubs viennent aux nouvelles. Trop tard. Il fallait faire les emplettes avant le Mondial. Michel Platini, déjà engagé par la Juve, et Didier Six, toujours présent au VfB Stuttgart, sont rejoints par Jean-François Larios qui file à l’Atlético de Madrid.

Michel Hidalgo a deux saisons devant lui pour transformer l’argent en or, autrement dit une 2ème place en Coupe du monde en victoire au championnat d’Europe des Nations organisé en France en 1984. Et il compte sur tout le monde. La D1 tricolore a-t-elle les moyens de retenir ses meilleurs cadres? Pas sûr. L’affaire de la caisse noire de Saint-Etienne, la locomotive des clubs de l’hexagone, sème le doute.

La saison 1982-83 s’écoule, les transferts se préparent. Un an après le Mondial, au lendemain d’une 2ème Coupe de France gagnée avec le Paris SG, cette fois contre Nantes (3-2), Dominique Rocheteau accepte la proposition de Liverpool. Manuel Amoros se laisse convaincre par le FC Barcelone. Alain Giresse, tenté lui aussi par l’offre du club catalan, se range in-extremis aux arguments de son entraîneur Aimé Jacquet et du président Claude Bez. Il reste à Bordeaux. Bien vu. Il sera champion de France au printemps 1984.

Michel Hidalgo s’alarme toujours de la fuite des cerveaux vers l’étranger. A chaque regroupement des Bleus à leur hôtel de Val-Bièvre, près de Paris, la presse ne parle plus que de transferts avec les joueurs. Et plus les Bleus gagnent, plus les rumeurs enflent. «On doit laisser tout ça de côté », tonne Fernand Sastre, le président de la FFF, deux jours après l’annonce du départ probable de Jean Tigana à l’AS Rome après l’Euro. On est en avril 1984. L’Euro est dans deux mois… L’histoire devient une affaire d’état quand on apprend peu de temps après l’aller-retour express de Patrick Battiston à Turin où il est allé signer un contrat de trois ans avec la Juventus. Il jouera avec son grand pote, Michel Platini. «Si on nous prend les meilleurs, c’est qu’on est les meilleurs. Mais je ne vais pas me laisser faire,» tonne Claude Bez dans une interview accordée à Wit FM, la radio des Girondins. «Demain, les grands clubs européens accueilleront les meilleurs joueurs quelle que soit leur nationalité,» semble lui répondre Platini, Ballon d’or 1983, dans une longue interview à France Football

 

Rendez-vous demain 8 avril pour la suite de cette histoire