Mondial 2014, David Astorga : “L’équipe de France ira au moins en demi-finale” (Exclu)

Au départ, son intention était de devenir journaliste économique. Étudiant à l’ESJ Paris, ses premiers pas dans le journalisme sportif lors d’un stage à Eurosport lui font changer d’horizon. À 41 ans, David Astorga est un visage confirmé dans le monde médiatique du sport. Désormais présentateur de “Match of Ze Day” sur Canal Plus, l’ancien homme de terrain de l’équipe de France sur TF1 revient avec Score n’co sur sa carrière et se livre sur ses confrères sans langue de bois. Il évoque également avec optimisme les chances des Bleus au Mondial 2014.

David, vous étiez au départ parti dans l’optique de faire du journalisme économique. Pourquoi vous êtes-vous retrouvé dans le sport ?

David Astorga : En sortant de l’école ESJ à Paris, mon but était de me diriger dans la branche économique. Mais par le biais de contacts, j’ai réussi à obtenir un stage au sein d’Eurosport. J’ai été choisi parmi les étudiants pour rentrer dans la chaîne à la fin de ce stage. Je suis resté 6 ans là bas. Cela s’est relativement bien passé puisque mon travail m’a permis d’arriver à TF1 par la suite.

Vous avez une petite carrière de footballeur amateur derrière vous. Le métier de journaliste sportif était une sorte de continuité non ?

C’est vrai que j’ai joué au football à un niveau amateur en région parisienne. Bon, je n’étais pas le meilleur (rires). Mais je ne m’étais jamais imaginé dans la peau d’un journaliste sportif. C’est à mon plus grand plaisir aujourd’hui que je me suis retrouvé sur ce terrain là.

Vous avez été homme de terrain sur TF1 durant 6 ans, à couvrir les matchs de l’équipe de France et les matchs de Ligue des Champions. Aujourd’hui, qu’est ce qui fait un bon homme de terrain selon vous  ? Qu’est-il censé apporter ?

Homme de terrain, je ne considère pas cela comme un métier. C’est une des activités qu’on peut être amené à avoir dans un match. Aujourd’hui, il y a tellement de caméras partout qu’il est difficile de trouver le moindre détail qui échappe à l’oeil des téléspectateurs. Hormis le fait que c’est celui qui réalise les interviews, il doit ramener des petites infos de droite à gauche, des choses que lui seul peut voir et obtenir.  Mais avec l’évolution de la technologie, c’est un rôle qui devient peu à peu anecdotique.

Peut-on assister un jour à la fin du métier d’homme de terrain ?

Cela évolue tellement vite qu’on peut se dire que tout est possible. Il y aura peut-être d’autres choses à réaliser. Quand il y a un journaliste plus un consultant, ça ne laisse pas beaucoup de place à un homme de terrain pendant le match. D’ailleurs, cela m’étonne toujours qu’on emploie le terme “homme de terrain” car il y a des femmes qui réalisent ce métier également (ex : Anne-Laure Bonnet sur beINsports).  Mais pour revenir aux nouvelles fonctions de ce métier, il pourrait y avoir une association avec de la technologie comme peut faire Dominique Armand au CFC (Canal Football Club) par exemple, et l’utilisation de palettes.

Suivez-vous attentivement le travail de Frédéric Calenge, votre successeur sur TF1 au poste ? Comment s’en sort-il d’après vous ?

Il m’arrive de le suivre car c’est un ami. Je trouve que Frédéric devrait se lâcher un peu plus, je le trouve trop sérieux. Je le connais très bien, il y a un écart entre ce qu’il est dans la vie et ce qu’il dégage à l’écran.

C’est plutôt normal de ne pas retransmettre la même image à la télévision que celle dans la vie ?

Oui, bien entendu, c’est très compliqué de conjuguer le même naturel à l’écran que dans la vie. Il y a des exceptions comme Laurent Paganelli. Il est à l’antenne comme il est dans la vie. On sent cette générosité même si, sur la Ligue 1, il est beaucoup plus facile d’interagir avec les intervenants que lors d’une compétition internationale tout de même.

Le fait d’avoir des liens d’amitié avec des joueurs (David Astorga a joué au foot avec Lilian Thuram en jeunes) vous a-t-il aidé ou au contraire soumis à plus de difficultés ?

Cela aidait au début pour avoir des accès privilégiés. Quand Zidane arrive au Real Madrid, j’ai pu faire 3/4 d’heures d’entretien avec lui à Santiago Bernabeu, car il savait que j’étais ami avec Lilian Thuram et qu’il avait confiance en lui. Mais quand il fallait travailler spécifiquement avec les Bleus, cela se révélait plus handicapant. Les joueurs considéraient qu’ils n’avaient pas le même traitement à avoir envers moi, ils se sentaient moins obligés de venir. Ils voyaient en moi le reporter qui avait passé du temps avec eux en coulisses. Ils avaient de ce fait moins de considération pour mon travail.

“Depuis 2006 avec l’équipe de France, on a vécu l’enfer !”

Dans votre mémoire, quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Le fait d’avoir d’avoir eu la chance de commenter quelques matchs en Coupe du Monde 2010 reste le meilleur souvenir. Une sorte de graal pour un journaliste.

Justement, vous aviez couvert un événement tel que la Coupe du Monde. Quelles sont les conditions de travail durant un Mondial?

Entre guillemets, c’est comme si vous étiez en prison. Vous êtes derrière un but, il y a tellement de monde sur le terrain, des journalistes venus du monde entier. En plus, vous ne voyez quasiment rien du match, c’est assez frustrant. Certes, vous profitez du spectacle mais pas sous le meilleur angle.

Selon un sondage réalisé par RepuCom pour l’Equipe, Lizarazu est le consultant préféré des français loin devant Christian Jeanpierre (13ème), chahuté par les critiques sur les réseaux sociaux ou dans la presse. Un avis sur ces résultats ?

Sincèrement, je n’ai aucun avis. Je dirai juste deux choses : il  y a une chaîne concurrente payante (beINsports) qui a fait 1 million de téléspectateurs sur un match de l’équipe de France, cela veut dire quelque chose. Si Christian est encore là, c’est qu’il fait bien son travail mais je peux comprendre les critiques. J’aime bien Bixente Lizarazu. Sa reconnaissance me fait plaisir. On a commenté ensemble les matchs en Afrique du Sud, cela s’est très bien passé. On avait fait un petit road trip dans le pays, c’était très sympa.

Que pensez vous du traitement de l’information de cette Coupe du Monde sur beIN Sports ?

Vous en pensez quoi vous ? (rires) Évidemment, en bon fan de football que je suis, j’essaie de voir le plus de rencontres et je suis cette chaîne. Mais le traitement de l’information ne m’intéresse pas. Je regarde simplement les matchs, pas tout ce qui se fait autour, que je considère comme de l’enrobage.

Comment occupez-vous votre temps sur Canal Plus actuellement, sans les droits d’image à la Coupe du Monde ?

Je vais commenter un match, je fais des matinales, je pars au Brésil dès juillet pour le simple plaisir. Le fait que la France soit toujours présente à ce moment de la compétition, ça peut aider.

Au cours de votre carrière, avez-vous été confronté à des problèmes de racisme dans votre profession ?

Je n’ai jamais eu de soucis de ce côté là, comme quoi les choses évoluent dans le bon sens.

“On a raison de s’enflammer !”

Aimeriez vous travailler actuellement auprès de ce groupe France où la bonne ambiance semble être de retour ?

Ils s’éclatent avant tout grâce aux bons résultats. En Coupe du monde, il y a des impératifs avec les conférences de presses et tout. Ce que l’on remarque, c’est que les Bleus y viennent avec le sourire. Vous avez aussi un sélectionneur qui a un peu tout changé dans ses méthodes. Tout le monde s’enflamme, mais c’est normal !! Depuis la fin de Coupe du Monde 2006, avec l’équipe de France on a vécu l’enfer ! Lors de la période Domenech, c’était du grand n’importe quoi. L’ère Laurent Blanc, une époque de transition. Vous voyez la joie communiquée sur le terrain. On a le sentiment que cette équipe s’arrache. Le public adhère et les soutient logiquement.

Vos confrères sur place au Brésil vous communiquent-ils sur ce changement d’atmosphère ?

J’imagine que c’est plus plaisant pour eux qu’en 2010. C’est plus agréable de travailler avec des gamins qui ont le sourire, qui se battent pour leur maillot. Ce n’est plus la guerre des egos de 2010 : un William Gallas qui fait la gueule pendant 1 mois car on lui a retiré le brassard. Ou un Thierry Henry qui ne devait pas être là et qui a vécu cette compétition dans la peau d’un remplaçant.  Lui qui pouvait avoir un rôle fédérateur n’a pas rempli son rôle. Il était rancunier envers Domenech. Des joueurs cadres qui ne font pas le métier, c’est de là qu’est parti cette implosion du groupe tricolore.

J’en arrive à ce Téléfoot du 20 juin 2010. Pouvez vous me parler de cette émission rocambolesque ? (Matinée avant la grève du bus, l’arrivée de Ribéry en claquettes sur le plateau)

La direction de TF1 m’avait prévenu que je devais présenter le Téléfoot de ce jour car Christian Jeanpierre n’était pas disponible. J’étais un peu rôdé, tout se passe bien dans la préparation de l’émission. Le matin même, il y avait eu la une de l’équipe sur les propos de Nicolas Anelka. Raymond Domenech était là. On savait que ça allait être une émission pas comme les autres, que ça pouvait sauter.

Et là Ribéry arrive en claquettes. Quelle a été votre réaction ? Était-ce quelque chose de prévu ?

L’émission se déroulait de manière classique, lendemain de défaite face au Mexique. Les Bleus sont quasiment éliminés. Mais cela a commencé à chauffer entre Liza et Domenech. J’ai été très surpris de l’arrivée de Ribéry, ce n’était pas prévu. On était très content en sorte d’avoir un petit bonus. Jamais, le joueurs ne viennent spontanément sur une émission, tout était verrouillé. Et là, Ribéry nous fait un grand discours pour pas grand chose au final puisque la grève de bus intervient l’après midi même, ce qui est inimaginable à ce moment là. Mais cela reste un excellent souvenir professionnel. D’un point de vue journalistique, ces moments sont ce qu’il y a de plus excitant dans notre métier.

Pour conclure, vous les voyez aller loin ces Bleus durant ce Mondial ?

Sur ce que ce que j’ai vu pour l’instant, je trouve que c’est l’équipe la plus séduisante du tournoi. Il est vrai qu’on est tombés dans le groupe le plus faible de la compétition, dans lequel il y avait le moins de talents. Mais le Nigéria (que la France rencontrera en huitièmes) ne m’a pas fait grosse impression. Normalement, c’est les Allemands que l’on devrait retrouver après en quarts de finale. Je considère qu’on est plus forts qu’eux. Au milieu de terrain, il va falloir aller au mastic pour les battre. Ozil, Gotze ne sont pas des joueurs de combat. Il n’y a que Thomas Muller, dans son registre qui me fait peur. On peut les faire souffrir en défense. La France ira au moins en demi-finale, j’en suis convaincu.