Basket : Que deviens-tu Makan Dioumassi ?

C’est votre nouvelle rubrique hebdomadaire sur Scorenco : que sont-ils devenus ?  Nous commençons avec l’ancien basketteur Makan Dioumassi, retiré des parquets depuis 2008. Faisant partie du groupe français médaillé d’argent aux JO de Sydney 2000, cet arrière international réputé pour ses grosses qualités de défense, nous parle de son après-carrière et de ses nouvelles ambitions. Consultant pour l’Equipe 21 durant les Championnats du monde de Basket en Espagne, il revient également en détails grâce à son œil d’expert sur l’épopée des Bleus.

Makan bonjour, ma première question sera simple : que faîtes-vous désormais ?

Je suis diplômé de la formation management du CDES de Limoges depuis février dernier. Je faisais partie de la promotion de Zinedine Zidane. Mon ambition c’est de revenir dans le basket français en tant qu’entraîneur ou general manager (directeur sportif).

Pourquoi ce choix de reconversion ? Il était important pour vous de garder un pied dans le basket ?

J’ai connu ce monde pendant des années. J’ai été formaté là dedans, je connais très bien le milieu. Je me suis donné les moyens d’avoir ce diplôme pour matérialiser mon savoir-faire.

Est-ce difficile de rentrer en contact avec les clubs français ?

Au vu de la cartographie du sport français, les managers généraux en France sont des super secrétaires. Ils ne sont pas à proprement parler issus du basket. C’est difficile de faire comprendre aux présidents qu’il leur faut des hommes qui savent comment fonctionne un vestiaire, qui peut connaître les signes avant-coureurs d’une crise.

Quelle a été votre démarche ?

J’ai envoyé des CV dès mon diplôme en poche, les réponses ont été négatives. J’ai renouvelé en fin de saison, toujours rien. Avec la trêve estivale et l’euphorie liée à la médaille de bronze de l’équipe de France, les clubs travaillent en parallèle sur le marché. Aujourd’hui, pour trouver la confiance d’un club, il est question de faire ses preuves. Quand on n’a pas un gros background, c’est plus compliqué. Je suis aussi resté isolé 4 ans à Dubaï après ma carrière ce qui m’a éloigné du basket français.

“Humainement, l’expérience en Iran fut magnifique”

Avec le recul, que vous reste-il de plus fort dans votre carrière ?

En club, c’était le côté humain du Mans avec Alain Weisz (son mentor). Côté sportif c’est l’Iran (Dioumassi a joué sa dernière saison à Sabba Battery en Iran Super League). Les Iraniens sont très compétiteurs. J’y suis allé car il y avait trop de changements de coachs à l’ASVEL et au début de la 4ème année j’ai préféré m’en aller. J’ai pris quelques mois sabbatiques, j’avais envie de visiter un empire. Le choix s’est fait de par ma curiosité plus que pour l’aspect financier. Humainement, c’était magnifique, aux antipodes de ce qu’on peut voir à la télévision. C’est un peuple fier. L’ambiance ressemble aux atmosphères des salles en Grèce ou en Serbie : bouillantes.

Au contraire, quel est votre plus grand regret de basketteur  ?

De perdre contre la Lituanie en demi-finale des Championnats d’Europe 2003 reste mon plus gros regret de basketteur. Car on avait cette année là le meilleur 5 européen de l’époque (La France avait terminé 4e de l’Euro).

Vous étiez surtout réputé pour vos qualités de défense sur l’homme (élu meilleur défenseur de la Pro A avec Hyères Toulon Var en 2002/2003). Aujourd’hui selon vous, quel est le meilleur défenseur du monde ?

Au vu de son titre de meilleur défenseur NBA, je pourrais dire Joachim Noah, car la NBA est représentatif de ce qui se fait de mieux dans le basket. Mais quand on voit ce qu’a fait Flo Pietrus à son âge (33 ans) lors des Championnats du Monde, c’est énorme ! Ricky Rubio est également un défenseur hors pair. Il n’a aucun geste académique mais c’est un pur voleur de ballons. Mais s’il faut en sortir un, je valide Flo car en plus c’est un bon ami.

Considérez-vous avoir bien gagné votre vie ?

Si bien gagner sa vie c’est ne pas vivre dans le besoin et faire ce que l’on veut. Alors oui, je dirai que j’ai bien gagné ma vie sans me laisser gagner par des folies financières.

Qu’avez-vous pensé des Bleus au récent Mondial de basket en Espagne ?

Le problème, c’est quand ils ont fait ce match d’anthologie contre l’Espagne, il était prévisible qu’on se relâche psychologiquement. Les trois derniers matchs des Bleus ont un aspect totalement différent les uns des autres. C’était très tactique contre l’Espagne, on les a fait déjouer. Face aux Serbes, il y avait un manque de volonté évident en début de rencontre. Le match contre la Lituanie reste selon moi le plus beau du mondial au niveau de l’intensité. A la fin de la rencontre, on avait l’impression d’être à une séance de tirs aux buts interminable.

Vous avez côtoyé la génération des Parker, Diaw à leurs débuts au haut niveau. Auriez-vous aimé faire partie de leur génération ?

On a joué ensemble quelques années en équipe de France. Des regrets j’en ai quand je les vois jouer et gagner des titres. J’étais un peu triste pour Tony qu’il ne fasse pas partie de ce mondial en Espagne même si son choix fut tout à fait compréhensible.

Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

De pouvoir apporter rapidement mon vécu acquis tout au long de ma carrière au basket français. Si je peux faire en sorte de contribuer à sa réussite ? L’avenir nous le dira.