En tombant sur une photo de ton compte Instagram vendredi dernier, où je te voyais, Didier Drogba, clamer de nouveau ton amour pour les supporters de l’OM, j’étais obligé de m’adresser à toi. Quelques mots pour te faire comprendre qu’il faut tourner la page comme je l’ai fait.
Didier, je ne me prétends pas être la voix du peuple olympien mais je pense partager un avis que des milliers de marseillais ont au fond de leurs pensées. Il faut arrêter désormais de scander ton attachement au public phocéen, cela ne nous blesse que plus. Le respect pour tout ce que tu as accompli au Vélodrome n’est pas à dénigrer, loin de là. Ton amour pour le maillot de l’OM est également tout ce qu’il y a de plus sincère, il faut bien te croire. Quand tu quittes Marseille pour rejoindre Londres en 2004, c’est un déchirement de voir cette idylle s’interrompre prématurément. Mais l’offre de Roman Abramovitch ne se refusait pas. Toi même tu es resté sur un goût d’inachevé. Toi, l’homme qui a su créer une sorte d’union que peu de joueurs ont pu connaître au cours de leurs carrières à Marseille, durant une si courte période.
En une seule saison (32 buts en 55 rencontres), tu as marqué les esprits à jamais, amenant à toi tout seul ou presque tes coéquipiers en finale de la Coupe de l’UEFA face à Valence. C’était écrit, tu l’avais promis, tu reviendrais. Une promesse qui apparaît comme un symbole de l’amour à vie qui te lie à ton OM. Pourtant, au fil d’incessantes rumeurs de retour, tu ne reviendras jamais. En 2013, tu te justifiais : « Pour revenir à Marseille, il faut que l’occasion se présente et l’occasion ne s’est jamais présentée ». Des paroles modérément appréciées du côté de la Canebière. Et le rabâchage continuel de ton attachement à ce club ont fini par agacer tes plus fidèles.
Préférer le « challenge sportif » de Shanghai Shenhua, pour y rester 6 mois, a été la pilule de trop à avaler. Te rends-tu compte de cette ovation qui a accompagné ta sortie lors de cet OM-Chelsea de Ligue des Champions 2010 ? Un match qui marquait ton retour tant attendu au Vélodrome, même sous une autre tunique. Étant moi même présent ce soir-là, j’ai pu constater que la totalité des supporters t’adulaient encore 7 ans après ton passage. Ce soir-là, tu avais donné l’impression de ne pas tout donner pour marquer, comme gêné de devoir inscrire un but contre l’équipe qui t’a élevé au rang de star. Ton cri du cœur (« Allez l’OM ») lors de la célébration de ton but au Parc des Princes face à l’ennemi parisien, quelques mois après ton départ, avait encore un peu plus ancré ton statut de légende sur le Vieux-Port. Ce lien indéfectible s’est brisé avec nos rêves de te voir revenir nous redonner l’illusion de pouvoir reconquérir l’Europe. Même si les risques d’un come-back raté pouvaient te porter préjudice, le simple fait d’honorer ta promesse aurait fait de toi un homme de parole et d’honneur, prouvant que ton cœur était à jamais olympien.
Finalement ton retour, tu l’as effectué oui, mais à Chelsea, cédant à la drague de ton mentor et père spirituel Portugais José Mourinho. Les maillots à ton nom qui se comptaient à l’infini dans les travées du Vélodrome ont disparu au fil des années comme les espoirs de te revoir à la pointe de l’attaque olympienne. N’allez pas penser que ces ultras ont la mémoire courte et se retournent contre leur vedette, mais avoir l’impression de se faire berner par un joueur qui suscitait toute votre admiration, cela fait encore plus de mal. L’opportunité de revenir aurait pu se négocier si peut-être tu avais accepté de revoir tes émoluments à la baisse. Les Marseillais n’oublieront jamais ce que tu as fait pour eux, mais à force de les choyer, tu n’as fait que les heurter. Et c’est peut-être la seule fausse note de ta grande carrière, Didier.