Et si Schumacher avait pris rouge? Episode 5/6

Photo L’Equipe

Le PSG ne s’en remet pas

«Demain, les grands clubs européens accueilleront les meilleurs joueurs quelle que soit leur nationalité,» semble lui répondre Platini, Ballon d’or 1983, dans une longue interview à France Football. «C’est l’évolution logique du football et ça profite à l’équipe de France, » conclut le meilleur joueur et buteur du championnat d’Italie.

Hidalgo décrète la mobilisation générale dès les premières heures du stage de préparation à l’Euro. Il n’a pas besoin d’en rajouter, les finalistes de Madrid ont une mission. En trois semaines, Platini et les siens élèvent encore plus haut leur niveau. La France est sacrée championne d’Europe pour la première fois le 27 juin, au Parc des Princes, en battant l’Espagne en finale (2-0). C’est l’hystérie.

Platini, Rocheteau, Tigana, Battiston, Amoros déjà partis, l’exode se poursuit. Au tour de Luis Fernandez, maintenant. Le petit dernier du carré magique, apparu chez les Bleus en novembre 82, est le chouchou du Parc, le titi du PSG. Il est aussi un gamin né à Tarifa, en Andalousie, grandi en banlieue lyonnaise et un amoureux du Real Madrid. En Espagne, on est au courant. Avant même de voir aligné les millions sur la proposition de contrat, Luis sait qu’il ne refusera pas. Francis Borelli peut jurer qu’on lui enlève «son fils», rien n’y fait. Fernandez sera le milieu de terrain du Real.

Rocheteau et Fernandez partis, le PSG ne s’en remet pas. Malgré une présence en finale de Coupe de France en mai 1985 (perdue 1-0 contre Monaco), Paris, onze ans après être monté en D1, redescend en D2. Patatras! Assis sur le banc de touche à côté de Georges Peyroche, qui vit ses dernières heures d’entraîneur, Francis Borelli en jette de dépit sa sacoche porte-bonheur au sol à l’issue du match de la 38ème journée. Nancy corrige Paris (6-1), au stade Marcel-Picot, il aurait fallu un miracle pour éviter le naufrage.

Devant l’exil des plus grands talents français, un homme fait la grimace : Jean-Luc Lagardère. L’industriel a tout réussi. Ce grand passionné de chevaux et de sport automobile est aussi sponsor du FC Nantes via Europe 1 qui parraine le maillot des Canaris. Il veut gagner dans le football et rêve d’un deuxième grand club à Paris. Voire d’être le premier puisque le PSG marche à reculons. En 1982, faute de s’entendre avec le légendaire Racing Club de France qui joue en amateurs, il a racheté le Paris FC qu’il transforme en Racing Paris 1. Le club évolue en D2 et partage le Parc des Princes avec le PSG. En D2, on n’existe pas, Lagardère le sait. Il veut ce qu’il y a de mieux pour son RP1, devenu bientôt Matra Racing après la fusion enfin conclue avec le Racing Club de France. Il avait ciblé Luis Fernandez. Raté. Il veut Maxime Bossis, l’homme tranquille du grand FC Nantes, un des meilleurs défenseurs de la planète. Il fait une offre «mirobolante» au Nantais sans savoir que l’Inter Milan en a déjà  présenté une «indécente» comme l’écrit le quotidien nantais Presse-Océan  le jour où Bossis et son président confirment la rumeur. Le grand Max jouera à Milan au début de la saison 85-86. «Il nuovo Facchetti» annonce la Gazzetta dello Sport à ses lecteurs en référence au légendaire défenseur intériste.

Jean-Luc Lagardère aurait aimé que la FFF se mobilise contre le pillage. Il le dit. Pire, en juin son équipe retombe en D2 une saison seulement après être montée. PSG et le RP1 relégués ensemble, il n’y a plus de clubs de foot au plus haut niveau à Paris…

Rendez-vous demain 9 avril pour la suite et la fin de cette histoire.