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La “Dream Team” bleue part au Mexique
Jean-Luc Lagardère aurait aimé que la FFF se mobilise contre le pillage. Il le dit. Pire, en juin son équipe retombe en D2 une saison seulement après être montée. PSG et le RP1 relégués ensemble, il n’y a plus de clubs de foot au plus haut niveau à Paris. Pour voir jouer les meilleurs français au Parc, il reste l’équipe de France.
Michel Hidalgo, qui voulait «partir au sommet» après le titre européen de 1984, a cédé à la pression de ses joueurs, de son président, et même à celle de millions de Français. Il mènera son groupe au Mondial mexicain en juin prochain.
Même si la moitié des titulaires joue désormais à l’étranger, la passion ne s’éteint pas autour des Bleus dans l’hexagone. Chaque match, chaque entraînement, suscitent la ferveur. Même ferveur à leur arrivée au Mexique. Les «Brésiliens» d’Europe ont la côte. Et la réussite aux tirs au but. En quart de finale du Mondial, face au Brésil de Zico, sur la pelouse du stade Jalisco de Guadalaraja, il faut en passer par là pour connaître le qualifié. Le tir au but de Bruno Bellone, l’attaquant de la Fiorentina depuis un an, rebondit sur le dos du gardien et revient dans le but. Luis Fernandez, qui vient de réussir le doublé championnat – Coupe de l’UEFA avec le Real Madrid, ne tremble pas au moment du dernier tir. La France retrouve la RFA pour une nouvelle demi-finale de Coupe du monde. Quatre ans après Séville. Harald Schumacher dans son but. Patrick Battiston dans la défense tricolore. Un scénario inimaginable. Et si…
Depuis Séville, les Bleus ont décuplé leurs talents dans les différents championnats européens. La République fédérale d’Allemagne, dirigée par Franz Beckenbauer a renouvelé ses cadres. Andreas Brehme ouvre la marque (9e). C’est la dernière fois que l’on voit des Allemands lever des bras de joie dans ce stade de Guadalajara, en majorité acquis aux Français. L’inévitable Yannick Stopyra, révélation de la Coupe du monde et futur attaquant du Borussia Mönchengladbach, mais aussi Platini et Giresse, renversent logiquement le sort de la rencontre (3-1). A l’issue du match, Harald Schumacher vient prendre son «ami» Battiston dans ses bras et lui offre son maillot.
Il reste une marche à gravir. La finale à Mexico contre l’Argentine de Maradona. Comme en 1982, il ne reste que trois jours pour se préparer. Juste pour aller plus haut.
Gary Lineker, l’attaquant anglais, a encore en travers sa défaite contre les Argentins en quart de finale (2-1) notamment à cause du but marqué de la main par Diego Maradona. La main du diable. A la veille de la finale, rentré chez lui, il est interviewé par un journaliste anglais qui lui demande son avis sur cette finale inédite. Lineker livre son pronostic et, sobrement, conclut: «Le football est un sport simple. 22 types poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Français qui gagnent.» Il a raison. Le lendemain, la France domine l’Argentine, 2-0. Jean Tigana a étouffé Diego Maradona. Au moment de lever le trophée, Michel Platini, hilare et gouailleur, glisse un mot à l’oreille de Jean Fournet-Fayard, son président. «La prochaine ce serait bien qu’on la gagne chez nous, hein ?»
Etienne BONAMY